Comprendre le coût environnemental : un impératif pour le secteur du Luxe
En juin 2025, Adone Conseil consacrait un article sur l’Ecodesign for Sustainable Products Regulation (ESPR), mesure européenne qui vise à encourager l’écoconception et aider les consommateurs à pouvoir comparer l’impact des produits entre eux. En France, cette démarche s’inscrit dans un cadre législatif plus large, notamment la loi AGEC (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire), qui a introduit des mesures pour améliorer la durabilité des produits.
La loi Climat et Résilience, issue de la Convention citoyenne pour le climat et adoptée le 24 août 2021, formalise ces efforts et introduit un dispositif d’affichage environnemental. Ce dispositif comprend l’Éco-score français, désormais officiellement renommé « Coût environnemental ». Cette évaluation vise à rendre l’impact environnemental des produits textiles plus transparent pour les consommateurs. Le Coût environnemental est entré en vigueur le 1er octobre 2025, renforçant ainsi l’engagement de la France envers la durabilité et la responsabilité écologique des produits.
Actuellement, l’affichage environnemental est obligatoire uniquement si la marque communique déjà sur un aspect environnemental de ses produits, comme l’impact carbone. Cependant, d’ici octobre 2026, via l’outil open source d’Ecobalyse ou via un logiciel externe, tout tiers pourra calculer et communiquer ce score à la place de l’entreprise. Il est donc essentiel que l’entreprise s’empare dès aujourd’hui du sujet dafin d’en faire un atout distinctif. L’occasion idéale de mettre en valeur les bonnes pratiques et le savoir-faire des maisons de luxe.
Comment se compose l’affichage environnemental des vêtements ? Comment les maisons de luxe peuvent-elles se conformer aux exigences de cet affichage ? Adone Conseil vous donne les clés pour vous mettre en conformité dès aujourd’hui.
Quel est le périmètre concerné ?
Le coût environnemental, anciennement « éco-score », s’applique aux produits textiles d’habillement :
- Sous-vêtements
- Chemises, t-shirts
- Jeans, pantalons, shorts
- Jupes, robes
- Maillots de bain
- Manteaux, vestes
Les produits composés de plus de 20 % de matériaux non textiles en masse sont exclus. Les chaussures et accessoires sont également exclus, même lorsqu’ils contiennent des composants textiles. De plus, les vêtements à usage unique ainsi que les produits non destinés à l’habillement, comme le linge de maison, sont exclus.
Qu’est-ce que le Coût Environnemental ?
Le coût environnemental sera progressivement déployé à partir du 1er octobre 2025, en magasin ainsi qu’en ligne. Il apparaîtra sur l’ensemble des vêtements commercialisés sur le territoire national afin d’informer les consommateurs sur leur impact écologique au moment de l’achat. En affichant un score unique et facilement visible, il simplifie la comparaison des étiquettes et favorise une consommation éclairée. A titre d’exemple, sous l’impulsion de la loi AGEC, des maisons comme Saint Laurent ou Celine mettent désormais en avant des informations environnementales claires en Digital Product Passport (DPP) dans l’onglet intitulé, conformément à la réglementation.
Le coût environnemental, exprimé en « points d’impact », quantifie les effets d’un vêtement sur l’environnement sur l’ensemble de son cycle de vie, depuis la production des matières jusqu’à sa gestion en fin de vie.

Les critères pris en compte incluent :
- Émissions de gaz à effet de serre
- Impact sur la biodiversité
- Consommation d’eau et d’autres ressources
- Durabilité des produits
- Effets des pollutions sur l’environnement
Une valeur plus élevée indique un impact environnemental plus important.
Ce dispositif encourage également les fabricants et distributeurs à valoriser leurs démarches d’écoconception et à promouvoir une production durable.
La méthodologie de calcul
Le coût environnemental d’un vêtement englobe tous les impacts qu’il génère sur l’environnement. Plus le score obtenu est élevé, plus l’impact environnemental du vêtement est conséquent. La méthode de calcul s’appuie sur l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) et intègre 16 critères environnementaux, issus de la méthode européenne Product Environmental Footprint (PEF), notamment : le Changement climatique, l’Appauvrissement de la couche d’ozone, et l’utilisation des ressources terrestres.
Chaque impact a un coefficient de pondération relatif. Par exemple le changement climatique et l’écotoxicité de l’eau douce ont un poids plus élevé.
Pour en savoir plus, retrouvez notre article de janvier sur la méthodologie d’Analyse de Cycle de Vie.
Mais la méthode PEF ne comprend pas en compte certains aspects, comme ceux liés à la biodiversité. C’est pourquoi deux autres pénalités viennent s’ajouter au calcul du coût environnemental :
- Libération de microfibres (lors du lavage notamment)
- Export des vêtements à l’étranger après utilisation (au lieu d’être réemployés ou recyclés localement en France)
Enfin, le score obtenu sera divisé par le nombre d’utilisation du vêtement, calculé par le facteur de durabilité (compris entre 0,67 et 1,45), relatif à la durabilité non-physique des vêtements, estimé à partir de deux critères :
- Largeur de gamme
- Incitation à la réparation
Ce coefficient de durabilité vient moduler le coût environnemental d’un vêtement à la baisse pour les plus vertueux ou à la hausse pour les produits de type fast-fashion.
Certaines marques du secteur ont déjà anticipé cette nouvelle réglementation en s’engageant à accroître leur transparence envers leurs clients. Par exemple, L’Oréal a développé son propre EcoBeautyScore pour ses gammes de produits capillaires, de soins de la peau et Men Expert de L’Oréal Paris. Cette notation, allant de A à E, repose sur 14 critères, tels que les émissions de gaz à effet de serre, la rareté de l’eau, l’acidification des océans et l’impact sur la biodiversité. Transparence sur l’impact environnemental de nos produits

Les modalités de déclaration
Pour déclarer le coût environnemental d’un article textile d’habillement, il faut tout d’abord calculer le score selon des règles établies. Les marques ont la possibilité de soumettre les données nécessaires via l’outil Ecobalyse du gouvernement ou via son API. Plusieurs paramètres sont requis pour ce calcul :
- Paramètres obligatoires : catégorie de produit, masse du produit fini, nature et pourcentage des matières premières, localisation géographique du tissage / tricotage, du finissage, de l’assemblage. Si un paramètre obligatoire n’est pas renseigné, l’outil attribuera automatiquement une valeur par défaut défavorable.
- Paramètres optionnels : statut (reconditionné ou neuf), largeur de gamme, prix de référence, taille de l’entreprise et service de réparation, origine géographique de l’approvisionnement en matières premières, origine géographique de la filature, type et % de surface imprimée, application d’un processus de lavage, part du transport aérien, et liste des accessoires.
- Paramètres fixe, non modifiables : type de filature, titrage du fil, procédé de tissage / tricotage, lien masse / catégorie, type de teinture, complexité de fabrication taux de perte en confection, taux de stock dormant. Ces paramètres sont déterminés à partir de moyennes sectorielles par type de produit, afin d’assurer la cohérence des résultats.
Une fois le calcul effectué, la marque doit soumettre ces données via le portail gouvernemental de déclaration. Quatre informations sont obligatoires à remplir :
- Le coût environnemental calculé en points d’impact
- La liste des paramètres et les données utilisées
- L’identifiant de référence produit et sa date de mise en vente
- La date du calcul, le statut légal du calculateur et la version de la méthodologie appliquée
Affichage du coût environnemental
Une fois l’approbation reçue, la marque peut afficher le score de plusieurs manières :
- Physiquement : sur l’étiquette du produit ou en rayon à côté du prix.
- Numériquement : sur la page produit de votre e-commerce, via un QR code à scanner.
L’affichage du coût environnemental doit est standardisé tel que vous le voyez sur la photo. Découvrez la charte graphique du coût environnemental.
Pour sensibiliser les consommateurs à ce nouveau score, une campagne de communication de l’ADEME est prévue pour le printemps 2026.
Quelques conseils pour mettre en place ce nouvel affichage
Pour mettre en place le coût environnemental de manière efficace, il est crucial de favoriser la collaboration entre les équipes DSI, métier et RSE. La réalisation d’ateliers sur le Change Management et la définition des rôles renforce l’implication des équipes métier. Enfin il est essentiel de s’assurer de la maturité de l’équipe RSE pour gérer des projets transverses. Adone conseil accompagne ses clients sur le cadrage et l’implémentation de ce type de projet stratégique en mettant en place une gouvernance adéquat pour briser les silos entre les équipes IT et métier.
En conclusion
En conclusion, l’affichage de ce coût environnemental sur les textiles d’habillement vise à informer les consommateurs grâce à un score unique et standardisé, similaire au nutri-score. Cela leur permettra de comparer facilement les produits et de faire des choix éclairés. Cette initiative encourage également les marques à adopter des pratiques durables, tout en sensibilisant le public aux enjeux écologiques. Adone Conseil accompagne les Maisons de luxe vers cet avenir plus durable.
Prêt à faire le pas vers un luxe plus responsable ? Contactez-nous pour découvrir comment Adone Conseil peut vous accompagner dans vos projets
