L’impact des nouvelles lois environnementales sur le secteur cosmétique

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Loi AGEC, Loi Climat & Résilience… depuis 2021, le calendrier législatif et réglementaire s’accélère et soumet les entreprises à de nouvelles obligations environnementales. Dans notre précédente publication, nous vous présentions les impacts de la loi Climat & Résilience sur les secteurs de la mode et du luxe.

L’industrie cosmétique n’échappe pas à ce nouveau cadre législatif. Nos experts vous présentent aujourd’hui les enjeux auquel le secteur doit faire face.

 

Prévenir et gérer la production de déchets

D’une part, l’article 7 de la loi AGEC vise à sortir du plastique jetable à l’horizon 2040 via des objectifs de réduction, de réutilisation et de recyclage (3R). Elle vient rompre les modes de consommation linéaires « produire – consommer – jeter » auxquels les consommateurs sont habitués. Afin d’y parvenir, des paliers périodiques ont été fixés : 2021 – 2025 ; 2025 – 2030 ; 2030 – 2035 ; 2035 – 2040.

Le premier décret 3R sur la période 2021-2025 prévoit :

  • La réduction de 20% de l’utilisation des emballages plastiques à usage unique d’ici fin 2025. La moitié de cet objectif doit être atteint via le réemploi et la réutilisation des dits emballages.
  • La suppression des emballages plastiques à usage unique considérés comme « inutiles » (blisters autour des emballages carton de crèmes ou parfums par exemple)
  • La réutilisation et le recyclage de 100% des emballages plastiques à usage unique à horizon 1er janvier 2025.

Cette mesure impacte directement l’industrie cosmétique où les emballages plastiques à usage unique sont omniprésents.

 

 

En France, le secteur de la beauté consomme 55 000 tonnes de plastique à usage unique par an, soit 5% de la totalité des emballages plastiques ménagers.

 

D’autre part, le Plastic Act, annoncé par les 350 entreprises adhérentes à la Febea (Fédération des entreprises de la beauté), a pour objectif de réduire de 8500 tonnes leur consommation de plastique d’ici 2025.

Cet engagement s’appuie sur 4 piliers :

  • 15% de plastique en moins en privilégiant l’éco-conception (formules concentrées ou grands formats) et en utilisant des matériaux alternatifs (papier imperméabilisé par exemple)
  • 20% de plastique réemployé via de nouveaux modes de consommation : systèmes de recharge, offres en vrac ou consignes
  • 100% d’emballages recyclables en modifiant la composition des résines de façon à les rendre toutes recyclables
  • 10 à 25% de matière recyclée réincorporée dans la production

 

Ces nouvelles mesures vont obliger les entreprises du secteur cosmétique à revoir la conception des produits, notamment en adaptant emballages et contenants. Les chaînes de production et la supply chain devront s’adapter, notamment pour préserver l’intégrité et la sécurité du produit tout au long des phases logistiques. C’est également une opportunité pour créer de nouveaux business modèles adaptés aux attentes d’aujourd’hui : recharges, vrac, consignes, etc.

 

Mieux informer les consommateurs 

La loi AGEC (cliquez ici pour découvrir notre article dédié) vient également renforcer l’obligation de transparence des industriels vis-à-vis des consommateurs. Depuis janvier 2022, ils sont soumis à de nouvelles mesures d’affichage :

  • Mise à disposition, sur l’emballage ou en ligne, des caractéristiques environnementales des produits.
  • Affichage du logo « Triman » et des consignes de tri harmonisées : il n’y a désormais plus de distinction entre les éléments « à jeter » et « à recycler ». Le geste de tri concerne désormais tous les emballages, recyclables ou non, de façon à augmenter la collecte des emballages.
  • Appliquer les nouvelles exigences concernant l’affichage des mentions “recyclé” et “compostable”. Un emballage compostable uniquement dans un cadre industriel ou domestique devra comporter la mention “ne pas jeter dans la nature”.
  • Mise à disposition digitale (site Internet ou application) de toutes les informations quant à la présence de perturbateurs endocriniens (avérés ou présumés) ou de substances classées SVHC (Substance of Very High Concern) par la règlementation REACH.
  • Affichage du pictogramme accompagné de la mention « Déconseillé aux femmes enceintes » pour tous les produits qui contiennent des ingrédients qualifiés de perturbateurs endocriniens.

Ces informations donnent un pouvoir accru aux consommateurs : celui de se tourner vers des produits plus respectueux de l’environnement et de leur santé, et inciter ainsi les producteurs à proposer une offre vertueuse.

 

Lutter contre le gaspillage via le réemploi ou la réutilisation

La loi AGEC vise également à réduire le gaspillage en interdisant, au travers de son article 35, la destruction des invendus non-alimentaires.

Deux options s’offrent aux entreprises de l’industrie cosmétique :

  • Donner leurs invendus à des associations, notamment lorsqu’il s’agit de produits de première nécessité (produits d’hygiène par exemple)
  • Réutiliser, réemployer ou recycler les autres produits

La loi AGEC fait, pour le moment, preuve d’une certaine souplesse et précise qu’exception sera faite pour les produits pour lesquels :

  • le recyclage aurait un impact environnemental négatif
  • le recyclage serait interdit, présentant un risque environnemental ou humain
  • aucune solution de réemploi, de réutilisation ou de recyclage ne serait connue

La lutte contre le gaspillage est également renforcée par la loi Climat et Résilience du 22 août 2021 (cliquez ici pour découvrir notre article dédié). Elle vient en effet s’attaquer à un pilier-clé de la stratégie marketing des industries cosmétiques : les échantillons.

Depuis le 1er juillet 2022, leur distribution ne peut plus être systématique. Sans demande de la part du client, il est désormais impossible de lui fournir un échantillon dans le cadre d’une démarche commerciale. Les distributeurs doivent donc désormais être en mesure de collecter et tracer le consentement du client de façon à justifier, si nécessaire, la délivrance d’échantillons. Cette disposition va permettre de réduire le volume d’échantillons distribués et donc produits.

 

Vers une production environnementale plus responsable

Si la loi AGEC va transformer les façons de consommer des produits cosmétiques, elle s’attaque également aux modèles de production pour les rendre plus responsables vis-à-vis de l’environnement. Un système de bonus-malus va donc être mis en place sur la base des qualités environnementales d’un produit.

De façon concrète, un produit respectueux de l’environnement permettra à son producteur de recevoir une prime. A l’inverse, un produit polluant lui vaudra une pénalité. Les critères environnementaux utilisés sont encore en cours de définition. Ils incluront :

  • La quantité de matière utilisée
  • La présence de matériaux recyclés
  • L’utilisation de ressources renouvelables
  • Les possibilités de réemploi, de réutilisation et de recyclage
  • La présence de substances dangereuses

Cette information sera également accessible au consommateur qui pourra, de façon éclairée, se tourner vers des produits plus écologiques.

 

Conclusion

Les différentes mesures imposées par les lois AGEC et Climat & Résilience vont profondément transformer l’industrie cosmétique, sur l’ensemble de la chaîne. Production plus respectueuse de l’environnement, transparence vis-à-vis des consommateurs, gestion des échantillons, gestion des déchets, … vont impacter à la fois les systèmes d’informations, les flux de données, les chaînes de production et logistiques, le digital et la stratégie marketing.

Ces récentes réglementations marquent le début d’une nouvelle ère dans laquelle les industries doivent s’inscrire. Déroger à ces obligations exposerait les industriels à des sanctions financières, des risques réputationnels et une sanction de la part des clients qui se détourneraient de leurs produits. L’avenir préfigure déjà le renforcement de modèles de production et de consommation responsables. Il y a quelques semaines, l’Union Européenne a adopté une loi (Deforestation Law) visant à interdire les produits obtenus à partir de terres dégradées ou déboisées. Cette nouvelle loi engagera davantage la responsabilité des industriels sur la voie des achats responsables et des modes de fabrication raisonnés.

Face à ces profondes mutations, Adone Conseil vous accompagne dans vos réflexions et la mise en œuvre de vos projets de transformation sur l’ensemble des différents métiers de la chaîne de valeur.